Poèmes de Guy Lafargue. Interprétations graphiques de Aline Ribière.
Création poétique 1964.
On n’a plus de respect pour la poésie
La poésie est vieille
cassée en deux comme un parfum mort
traînant son ombre idiote comme un pavé
Plus de respect
on tue les pierres à coups d’hirondelles
la lune est crispée
Poésie moite et sombre
poésie ébréchée
rimes-perroquets aux mains malades
alexandrins sous-développés
Professeurs de poussière et de feuilles mortes
vous avez violé l’herbe des sentiers
et verrouillé tous les trottoirs
Vous avez mis des menottes au violon
Vive la cravache sur le vieux corps
Je veux voir la rime se jeter dans le puits
je veux voir les alexandrins nus
vers misérables
se dissoudre dans le sable
Je veux voir la terre écorchée de lumière
labourée par les mots de désordre
et retournée sur le ventre
Je veux des mots qui jailliront couleur des blés