Entretiens avec Philippe Aïni, Art CRU Éditions. Mai 2010
Prélude
AÏNI est un créateur hors du commun. J’ai rencontré son œuvre naissante en 1983. C’était un peintre totalement autodidacte, exempt de toute influence culturelle. D’entrée de jeu, il était et se rejetait lui-même hors de toute identification à un courant artistique. Il y avait dans ses créatures une violence inouïe. Elles étaient porteuses de forces noires, telluriques, profondément corrosives.
J’ai eu la chance d’accueillir un grand nombre de ses œuvres originaires dans un espace que j’ai créé pour lui, tellement le choc que j’avais reçu m’avait ébranlé. Personne ne franchissait la porte de ma Galerie ou de mon Musée sans être bouleversé par la puissance et la vitalité de ses images. AÏNI était à cette époque complètement submergé par ce qu’il délivrait de lui. Il était l’instrument d’une dictée irrésistible.
Ceux qui pénètrent dans le monde des images d’AÏNI, ne peuvent plus s’en dépêtrer, parce que son univers est fait de nos désirs et de nos peurs les plus profonds. Il devance ce que nous sommes capables de rêver de pire. Il contient en germe toutes nos visions inabouties.
En réalité, on ne rentre pas dans le monde d’AINI, parce que la puissance de ses images, il la tire du plus profond de nous. AÏNI fracture les verrous de nos sentiments les mieux enfouis.